Angola : une démocratie sous tension entre ouverture et contrôle

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Angola : une démocratie sous tension entre ouverture et contrôle

Luanda, 19 novembre 2025—PRESS AFRICA— Près d’un demi-siècle après son indépendance, l’Angola continue d’entretenir une relation ambiguë avec la démocratie. Entre volonté affichée de réformes et persistance de pratiques autoritaires, le pays d’Afrique australe avance à pas mesurés sur la voie de la gouvernance démocratique.

Un pluralisme politique encore fragile

Depuis la fin de la guerre civile en 2002, l’Angola s’est doté d’institutions démocratiques modernes : Constitution multipartite, Parlement élu au suffrage universel, et Commission nationale électorale censée garantir la transparence du scrutin. Cependant, le Mouvement Populaire de Libération de l’Angola (MPLA), au pouvoir depuis 1975, domine toujours la scène politique.

Les élections générales de 2022, remportées de justesse par le président João Lourenço, ont révélé une société plus critique et une opposition galvanisée, notamment avec le parti UNITA, conduit par Adalberto Costa Júnior. Malgré un scrutin qualifié de « globalement pacifique », plusieurs observateurs, dont l’Union européenne, ont relevé un manque d’équité dans l’accès aux médias et des irrégularités dans le dépouillement.

Réformes et limites de la gouvernance Lourenço

Arrivé au pouvoir en 2017, João Lourenço avait promis une ère de transparence, de lutte contre la corruption et de modernisation des institutions. Certaines avancées sont indéniables: plusieurs proches de l’ancien président José Eduardo dos Santos ont été inquiétés par la justice, et l’Angola a amorcé une ouverture économique plus libérale.

Mais sur le plan politique, les critiques demeurent. La société civile dénonce une mainmise persistante du parti au pouvoir sur les institutions et un contrôle strict de la liberté de la presse. Les manifestations sont souvent réprimées, et les activistes politiques ou journalistes trop critiques font face à des intimidations ou des arrestations arbitraires.

Liberté d’expression: un espace sous surveillance

Les médias indépendants en Angola existent, mais leur marge de manœuvre reste limitée. La plupart des grandes chaînes et journaux sont proches du pouvoir ou sous influence économique de l’État. Les réseaux sociaux, de plus en plus utilisés par la jeunesse angolaise, sont devenus un nouvel espace de débat et de contestation, au grand dam des autorités, qui renforcent la surveillance numérique.

Les organisations de défense des droits humains, telles qu’Amnesty International et Human Rights Watch, ont plusieurs fois alerté sur les restrictions croissantes à la liberté d’expression et la répression des rassemblements pacifiques.

Une jeunesse avide de changement

Près de 65 % des Angolais ont moins de 30 ans, une génération connectée, instruite et de plus en plus exigeante envers ses dirigeants. Ces jeunes réclament plus de transparence, d’emploi et de participation citoyenne. Des mouvements citoyens, à l’image de “Mudei!” (“J’ai changé”), se multiplient pour encourager l’engagement politique en dehors du système traditionnel du MPLA.

Cependant, face à la désillusion et au chômage, beaucoup choisissent encore l’exil ou l’abstention, signe d’une crise de confiance envers le système politique.

Un avenir incertain mais porteur d’espoir

L’Angola se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Si le pays a évité les dérives autoritaires les plus extrêmes de ses voisins, il reste loin d’une démocratie consolidée. Les prochaines élections, prévues en 2027, seront un test décisif pour mesurer la sincérité des réformes engagées par le président Lourenço. Les observateurs internationaux soulignent que la vitalité de la société civile et l’éveil politique de la jeunesse pourraient, à long terme, transformer en profondeur la culture politique angolaise.

Rédacteur: Saïd TESSILIMI

Sommaire
Luanda, 19 novembre 2025—PRESS AFRICA— Près d’un demi-siècle après son indépendance, l’Angola continue d’entretenir une relation ambiguë avec la démocratie. Entre volonté affichée de réformes et persistance de pratiques autoritaires, le pays d’Afrique australe avance à pas mesurés sur la voie de la gouvernance démocratique.Un pluralisme politique encore fragileDepuis la fin de la guerre civile en 2002, l’Angola s’est doté d’institutions démocratiques modernes : Constitution multipartite, Parlement élu au suffrage universel, et Commission nationale électorale censée garantir la transparence du scrutin. Cependant, le Mouvement Populaire de Libération de l’Angola (MPLA), au pouvoir depuis 1975, domine toujours la scène politique.Les élections générales de 2022, remportées de justesse par le président João Lourenço, ont révélé une société plus critique et une opposition galvanisée, notamment avec le parti UNITA, conduit par Adalberto Costa Júnior. Malgré un scrutin qualifié de « globalement pacifique », plusieurs observateurs, dont l’Union européenne, ont relevé un manque d’équité dans l’accès aux médias et des irrégularités dans le dépouillement.Réformes et limites de la gouvernance LourençoArrivé au pouvoir en 2017, João Lourenço avait promis une ère de transparence, de lutte contre la corruption et de modernisation des institutions. Certaines avancées sont indéniables: plusieurs proches de l’ancien président José Eduardo dos Santos ont été inquiétés par la justice, et l’Angola a amorcé une ouverture économique plus libérale.Mais sur le plan politique, les critiques demeurent. La société civile dénonce une mainmise persistante du parti au pouvoir sur les institutions et un contrôle strict de la liberté de la presse. Les manifestations sont souvent réprimées, et les activistes politiques ou journalistes trop critiques font face à des intimidations ou des arrestations arbitraires.Liberté d’expression: un espace sous surveillanceLes médias indépendants en Angola existent, mais leur marge de manœuvre reste limitée. La plupart des grandes chaînes et journaux sont proches du pouvoir ou sous influence économique de l’État. Les réseaux sociaux, de plus en plus utilisés par la jeunesse angolaise, sont devenus un nouvel espace de débat et de contestation, au grand dam des autorités, qui renforcent la surveillance numérique.Les organisations de défense des droits humains, telles qu’Amnesty International et Human Rights Watch, ont plusieurs fois alerté sur les restrictions croissantes à la liberté d’expression et la répression des rassemblements pacifiques.Une jeunesse avide de changementPrès de 65 % des Angolais ont moins de 30 ans, une génération connectée, instruite et de plus en plus exigeante envers ses dirigeants. Ces jeunes réclament plus de transparence, d’emploi et de participation citoyenne. Des mouvements citoyens, à l’image de “Mudei!” (“J’ai changé”), se multiplient pour encourager l’engagement politique en dehors du système traditionnel du MPLA.Cependant, face à la désillusion et au chômage, beaucoup choisissent encore l’exil ou l’abstention, signe d’une crise de confiance envers le système politique.Un avenir incertain mais porteur d’espoirL’Angola se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Si le pays a évité les dérives autoritaires les plus extrêmes de ses voisins, il reste loin d’une démocratie consolidée. Les prochaines élections, prévues en 2027, seront un test décisif pour mesurer la sincérité des réformes engagées par le président Lourenço. Les observateurs internationaux soulignent que la vitalité de la société civile et l’éveil politique de la jeunesse pourraient, à long terme, transformer en profondeur la culture politique angolaise.
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