Nairobi, 02 novembre 2025—PRESS AFRICA— Au cœur de l’Afrique de l’Est, le Kenya, longtemps perçu comme un exemple de croissance, doit aujourd’hui faire face à une réalité sociale plus dure : la pauvreté touche près de 4 Kényans sur 10. Dans un contexte d’inflation, de pression fiscale et de dette élevée, l’indice de pauvreté révèle une stagnation préoccupante ; voire une légère détérioration du bien-être des couches vulnérables de la société.
Des données persistantes : 39,8 % en 2022
La dernière enquête officielle du Kenya National Bureau of Statistics (KNBS) indique un taux de pauvreté global de 39,8 % pour l’année 2022, selon la ligne de pauvreté nationale. Ce seuil place plus de 20 millions de Kényans en situation d’incapacité à satisfaire les besoins vitaux de base dont l’alimentation, le logement, la santé et l’éducation.
Cette proportion se décline différemment, selon les milieux géographiques. Dans les zones rurales, plus de 42,9 % des ménages vivaient sous ce seuil, tandis que dans les zones urbaines, la part s’élevait à environ 33,2 %. Parmi ces populations, des centaines de milliers étaient dans une situation de pauvreté extrême.

Pauvreté multidimensionnelle : un autre visage du défi
Au-delà des revenus, l’indice de pauvreté multidimensionnelle (MPI) révèle que près d’un quart, soit 25,4 % de la population est considérée comme “multidimensionnellement“ pauvre, c’est-à-dire privée simultanément d’accès suffisant à la santé, à l’éducation ou aux conditions de vie dignes. Le MPI national est estimé à 0,113, avec une intensité de privation relativement élevée dans les zones rurales (où les taux de pauvreté multidimensionnelle atteignent ~33,9 %) par rapport aux zones urbaines (~8,2 %).
Entre espérance et revers : tendances et pressions
Les données antérieures suggéraient une baisse de la pauvreté entre 2006, approximativement 47 % et 2019 environ 33 %. Mais les chocs successifs du caractérisés par la pandémie de COVID-19, les sécheresses et l’inflation mondiale ont freiné cette progression. En 2020, le taux est remonté à 42,9 %, avant de redescendre partiellement en 2021 à 38,6 % et de stagner en 2022 à 39,8 %.
Pour 2025, les perspectives sont mitigées : même si la croissance économique est maintenue, mais modérée, des risques subsistent, notamment le coût élevé de la dette qui contraint les marges des politiques sociales. Le besoin de créer des emplois décents et de renforcer les filets de protection sociale est plus urgent que jamais.
La pauvreté touche près de 40 % de la population kenyane selon la ligne nationale ; un niveau qui stagne après des années de progrès. Le défi est double : pauvreté monétaire et pauvreté multidimensionnelle (accès à l’éducation, santé, eau, logement). La transition vers une réduction durable de la pauvreté exige des investissements stratégiques dans l’emploi, l’agriculture résiliente, l’éducation et la protection sociale.
Rédacteur: Jaurès BOKO

