Afrique centrale : le chômage, entre disparités et défis persistants

Jaurès BOKO
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Brazzaville, 1er novembre 2025—PRESS AFRICA— Dans la sous-région de l’Afrique centrale, le marché du travail est à la croisée des chemins. Alors que certains pays affichent des taux de chômage relativement modérés, d’autres comme la République du Congo ou le Gabon présentent des niveaux très élevés, lesquels traduisent des fragilités structurelles marquées dans l’emploi, la formation, et l’économie informelle.

 Quelques indicateurs récents

En 2024, la République centrafricaine enregistrait un taux de chômage d’environ 5,9 % de la population active. Au Congo-Brazzaville, le taux était estimé à 19,8 % en 2024, après 20,1 % en 2023. Pour la région centrale dans son ensemble, une étude de la Commission économique pour l’Afrique indiquait qu’en 2022 les Etats comme le Gabon et la République du Congo affichaient des taux « très au-dessus » de la moyenne régionale. Ces chiffres cachent cependant des différences majeures selon l’âge, le sexe et le niveau de formation : l’étude de 2022 montrait que le chômage des jeunes atteignait 16,6 %, contre environ 9,8 % pour la population active générale.

Pourquoi de tels écarts ?

Plusieurs facteurs expliquent cette situation. On relève une économie informelle très présente : dans de nombreux pays de la sous-région, une large part des emplois ne fait pas l’objet d’une statistique formelle ; cela peut fausser les taux « officiels » de chômage. Il y a aussi la dépendance aux matières premières : plusieurs économies d’Afrique centrale reposent fortement sur le pétrole, le bois ou les minerais. En cas de choc externe, les emplois formels vacillent. L’autre facteur reste la faiblesse de l’industrie et du secteur tertiaire structuré : le manque d’emplois stables dans l’industrie manufacturière ou les services formalisés pousse une partie de la population vers l’informel. On note également, l’inadéquation formation-emploi : le système éducatif et de formation professionnelle peine à produire les compétences demandées par les employeurs dans la sous-région. Par ailleurs, les jeunes et les femmes plus vulnérables : le chômage touche plus fortement les jeunes et les femmes, ce qui aggrave les inégalités sur le marché du travail.

Afrique centrale : le chômage, entre disparités et défis persistants

Conséquences économiques et sociales

Un taux de chômage élevé ou un emploi précaire durable engendrent entre autres, la perte de revenu pour de nombreuses familles, réduisant la capacité d’épargne et d’investissement domestique ; la dépendance accrue à l’informalité, ce qui limite les cotisations et affaiblit la protection sociale ; l’instabilité sociale et politique : taux de chômage jeunes élevés qui équivaut au risque de frustration, migration, voire tensions ; la marge de manœuvre réduite pour les politiques publiques : les recettes fiscales restent faibles, les budgets sociaux sont contraints.

Quelques pistes d’amélioration

Pour inverser la tendance, certaines stratégies apparaissent utiles. Il s’agira notamment,  de renforcer la formation professionnelle et technique, en alignement avec les besoins des secteurs porteurs (numérique, agro-industrie, services) ; d’encourager la formalisation de l’emploi et l’accompagnement des micro-entreprises / PME, afin d’élargir l’offre d’emplois stables ; de développer la diversification économique, en réduisant la dépendance aux matières premières et en valorisant les secteurs à forte intensité de main-d’œuvre ; de mettre en place des politiques ciblées pour les jeunes et les femmes, afin de réduire les écarts et d’accroître l’inclusion et d’améliorer la collecte de données fiables sur le marché du travail, ce qui permettrait de mieux cibler les politiques d’emploi.

La situation de l’emploi en Afrique centrale en 2025 révèle des contrastes forts : certains pays semblent maîtriser leur marché du travail tandis que d’autres restent pris dans des cercles de chômage élevé et d’informalité persistante. L’enjeu n’est pas seulement économique mais aussi social : pour que la croissance se transforme en emplois de qualité, une volonté politique, des réformes structurelles et un partenariat public-privé dynamique sont indispensables.

Rédactrice: Khadidjatou BAWA ALLAH

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