Tanzanie : plusieurs morts dans les violences postélectorales

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Tanzanie : plusieurs morts dans les violences postélectorales

Dar es Salaam, 06 novembre 2025 —PRESS AFRICA— Le pays de l’Afrique de l’Est traverse un moment de crise. À peine les résultats provisoires du scrutin général du 29 octobre dévoilés — un score officiel indiquant une victoire de la présidente Samia Suluhu Hassan à 97,66 % ; que la contestation s’est muée en affrontements, violences urbaines et répression.

Samia Suluhu Hassan, Présidente de la Tanzanie
Samia Suluhu Hassan, Présidente de la Tanzanie

Résultats, contestation, et explosion sociale

La victoire annoncée de la présidente Hassan, candidate du parti au pouvoir Chama Cha Mapinduzi (CCM), a été marquée par l’absence sur la ligne de départ de deux des principaux opposants — Tundu Lissu de l’opposition et Luhaga Mpina d’ACT-Wazalendo — ce qui a immédiatement suscité des interrogations sur la légitimité du processus électoral.

Dès le lendemain du vote, des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes, dont la capitale économique, Dar es Salaam. Les manifestants y dénoncent un « vote simulé », un fonctionnement de façade et la suppression de toute réelle compétition.

Répression, couvre-feu et coupures d’internet

Pour faire face à la contestation, les autorités ont imposé des mesures d’exception : un couvre-feu nocturne dans les grandes agglomérations, la coupure nationale d’accès à l’internet ludiques et sociaux, des déploiements massifs de forces de l’ordre — police et armée — et des tirs de gaz lacrymogène et de balles réelles.

Les organisations de défense des droits humains mettent en avant un usage disproportionné de la force, notant que les chiffres officiels restent flous. Human Rights Watch évoque des centaines de morts potentielles, bien que le gouvernement ne reconnaisse « aucun chiffre officiel ».

Un bilan humain et social encore incertain

Les principaux partis d’opposition affirment que plusieurs centaines, voire plus de 700 personnes, ont trouvé la mort dans les violences, tandis que des sources des Nations Unies parlent d’au-moins dix décès confirmés.

Dans les quartiers résidentiels comme dans les campagnes, des populations affolées témoignent de tirs à bout portant, de scènes de corps inanimés, d’enterrements précipités et de pressions pour garder le silence.

L’économie informelle, vitale pour une large partie de la population tanzanienne, est mise à mal : marches perturbées, commerces fermés, stations-essence vides, transports publics suspendus.

Une légitimité en question

La cérémonie de prestation de serment de la présidente Hassan s’est tenue, lundi 3 novembre devant un public restreint dans un contexte d’insécurité persistante et de forte présence militaire.

Le rapport entre un résultat électoral extrêmement élevé et l’absence de véritables adversaires suscité des doutes sérieux sur la compétition démocratique en Tanzanie. Plusieurs observateurs régionaux estiment que le scrutin ne répond pas aux standards internationaux.

Quelles perspectives ?

La Tanzanie se trouve aujourd’hui à un tournant. D’un côté, le régime tient le pouvoir et affirme vouloir « ramener l’ordre ». De l’autre, une partie de la société exprime sa désillusion, son sentiment d’injustice et une peur de l’arbitraire.

Les prochaines semaines seront cruciales : la manière dont les autorités traiteront les manifestations, les demandes d’enquête sur les morts, et la restauration des libertés (notamment d’information) pourra soit apaiser, soit radicaliser davantage la situation. Pour l’heure, les Tanzaniens redoutent une spirale de violences silencieuses comme visiblement visibles — et vivent quotidiennement la rupture entre la façade institutionnelle et les réalités de terrain.

Rédacteur : Saïd TESSILIMI

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