Maseru, 16 novembre 2025—PRESS AFRICA—Au cœur des montagnes d’Afrique australe, le Lesotho mise de plus en plus sur sa jeunesse pour relancer une économie en quête de diversification. Avec une population dont plus de 60 % a moins de 30 ans, le petit royaume enclavé dans l’Afrique du Sud dispose d’un atout démographique majeur. Mais la contribution de cette main-d’œuvre juvénile à l’économie reste entravée par le chômage, la précarité et le manque de formation technique.
Une jeunesse nombreuse, mais sous-employée
Selon les données du Bureau national des statistiques du Lesotho (BOS), la jeunesse représente près des deux tiers de la population active, mais plus de 35 % des jeunes sont au chômage. Beaucoup exercent des emplois informels dans l’agriculture, la couture ou le petit commerce urbain.
« Le potentiel de notre jeunesse est considérable, mais il est encore sous-exploité. Nous devons transformer cette énergie en force productive », a déclaré Thabo Sofonia, ministre du Travail et de l’Emploi, lors du forum économique de Maseru en octobre dernier.
Le secteur formel, dominé par l’industrie textile, l’agriculture de subsistance et les transferts de fonds des travailleurs migrants en Afrique du Sud, peine à absorber les milliers de jeunes diplômés qui arrivent chaque année sur le marché du travail.
Le textile, premier employeur de jeunes
Depuis deux décennies, le Lesotho est devenu l’un des principaux exportateurs de vêtements en Afrique subsaharienne, notamment vers les États-Unis grâce à l’accord commercial AGOA. Les usines de confection, concentrées dans la capitale Maseru et dans les zones industrielles de Maputsoe, emploient près de 40 000 personnes, dont plus de 70 % sont de jeunes femmes.
Ce secteur constitue une véritable bouée d’emploi pour la jeunesse, mais les conditions de travail y sont souvent précaires : salaires bas, absence de protection sociale et dépendance aux fluctuations du marché international.
« Nous travaillons dur, mais nos revenus ne nous permettent pas toujours de subvenir à nos besoins », confie ’Makhotso, 24 ans, ouvrière dans une usine de confection à Maputsoe.

L’agriculture, pilier oublié de la jeunesse rurale
Dans les zones rurales, où vit encore plus de la moitié de la population, l’agriculture de subsistance reste la principale activité économique. Les jeunes y jouent un rôle essentiel dans la production de maïs, de blé et de légumes.
Cependant, la faible rentabilité du secteur, les changements climatiques et le manque d’accès au crédit freinent leur engagement. Le gouvernement tente de réorienter les jeunes vers l’agro-industrie et les coopératives agricoles modernes, à travers le programme “Youth Agripreneur Lesotho”, lancé en 2023 avec l’appui de la Banque africaine de développement.
« L’avenir de notre pays se trouve dans une agriculture innovante, gérée par des jeunes formés aux nouvelles technologies », affirme ’Mathato Molapo, coordinatrice du programme.
La migration et le poids des transferts de fonds
Historiquement, des milliers de jeunes Basotho ont émigré vers l’Afrique du Sud voisine, notamment pour travailler dans les mines d’or et de platine. Si ces migrations ont diminué depuis le déclin du secteur minier sud-africain, les transferts de fonds des migrants représentent encore près de 15 % du PIB national.
Ces revenus jouent un rôle vital dans la consommation des ménages et l’éducation des enfants, mais leur dépendance rend l’économie vulnérable aux crises extérieures.
L’entrepreneuriat et la formation : leviers d’un renouveau
Face au manque d’emplois formels, de plus en plus de jeunes se tournent vers l’entrepreneuriat. Des start-up locales émergent dans les domaines du numérique, du recyclage et de l’artisanat, souvent soutenues par des incubateurs comme Bacha Entrepreneurship Project.
Le gouvernement, de son côté, a multiplié les programmes de formation professionnelle à travers le National Training Centre for Technical Skills, afin de doter les jeunes des compétences nécessaires dans la construction, la mécanique, et les énergies renouvelables.
Malgré ces efforts, les analystes économiques estiment que la transition vers une économie plus inclusive prendra du temps. « Le Lesotho doit transformer sa jeunesse en un capital humain productif. Cela exige une politique d’éducation adaptée au marché et un meilleur climat des affaires », souligne Dr. Palesa Mokete, économiste à l’Université nationale du Lesotho.
Un avenir à construire
La main-d’œuvre juvénile du Lesotho constitue à la fois sa plus grande richesse et son plus grand défi. Si elle est correctement encadrée, formée et intégrée, elle pourrait devenir le moteur d’une croissance durable et diversifiée. Mais sans investissements suffisants dans l’éducation, la technologie et les infrastructures rurales, le risque est grand de voir une génération entière rester à la marge du développement économique.
Rédacteur: Saïd TESSILIMI
Sommaire
Maseru, 16 novembre 2025—PRESS AFRICA—Au cœur des montagnes d’Afrique australe, le Lesotho mise de plus en plus sur sa jeunesse pour relancer une économie en quête de diversification. Avec une population dont plus de 60 % a moins de 30 ans, le petit royaume enclavé dans l’Afrique du Sud dispose d’un atout démographique majeur. Mais la contribution de cette main-d’œuvre juvénile à l’économie reste entravée par le chômage, la précarité et le manque de formation technique.Une jeunesse nombreuse, mais sous-employéeSelon les données du Bureau national des statistiques du Lesotho (BOS), la jeunesse représente près des deux tiers de la population active, mais plus de 35 % des jeunes sont au chômage. Beaucoup exercent des emplois informels dans l’agriculture, la couture ou le petit commerce urbain.« Le potentiel de notre jeunesse est considérable, mais il est encore sous-exploité. Nous devons transformer cette énergie en force productive », a déclaré Thabo Sofonia, ministre du Travail et de l’Emploi, lors du forum économique de Maseru en octobre dernier.Le secteur formel, dominé par l’industrie textile, l’agriculture de subsistance et les transferts de fonds des travailleurs migrants en Afrique du Sud, peine à absorber les milliers de jeunes diplômés qui arrivent chaque année sur le marché du travail.Le textile, premier employeur de jeunesDepuis deux décennies, le Lesotho est devenu l’un des principaux exportateurs de vêtements en Afrique subsaharienne, notamment vers les États-Unis grâce à l’accord commercial AGOA. Les usines de confection, concentrées dans la capitale Maseru et dans les zones industrielles de Maputsoe, emploient près de 40 000 personnes, dont plus de 70 % sont de jeunes femmes.Ce secteur constitue une véritable bouée d’emploi pour la jeunesse, mais les conditions de travail y sont souvent précaires : salaires bas, absence de protection sociale et dépendance aux fluctuations du marché international.« Nous travaillons dur, mais nos revenus ne nous permettent pas toujours de subvenir à nos besoins », confie ’Makhotso, 24 ans, ouvrière dans une usine de confection à Maputsoe.L’agriculture, pilier oublié de la jeunesse ruraleDans les zones rurales, où vit encore plus de la moitié de la population, l’agriculture de subsistance reste la principale activité économique. Les jeunes y jouent un rôle essentiel dans la production de maïs, de blé et de légumes.Cependant, la faible rentabilité du secteur, les changements climatiques et le manque d’accès au crédit freinent leur engagement. Le gouvernement tente de réorienter les jeunes vers l’agro-industrie et les coopératives agricoles modernes, à travers le programme “Youth Agripreneur Lesotho”, lancé en 2023 avec l’appui de la Banque africaine de développement. « L’avenir de notre pays se trouve dans une agriculture innovante, gérée par des jeunes formés aux nouvelles technologies », affirme ’Mathato Molapo, coordinatrice du programme.La migration et le poids des transferts de fondsHistoriquement, des milliers de jeunes Basotho ont émigré vers l’Afrique du Sud voisine, notamment pour travailler dans les mines d’or et de platine. Si ces migrations ont diminué depuis le déclin du secteur minier sud-africain, les transferts de fonds des migrants représentent encore près de 15 % du PIB national.Ces revenus jouent un rôle vital dans la consommation des ménages et l’éducation des enfants, mais leur dépendance rend l’économie vulnérable aux crises extérieures.L’entrepreneuriat et la formation : leviers d’un renouveauFace au manque d’emplois formels, de plus en plus de jeunes se tournent vers l’entrepreneuriat. Des start-up locales émergent dans les domaines du numérique, du recyclage et de l’artisanat, souvent soutenues par des incubateurs comme Bacha Entrepreneurship Project.Le gouvernement, de son côté, a multiplié les programmes de formation professionnelle à travers le National Training Centre for Technical Skills, afin de doter les jeunes des compétences nécessaires dans la construction, la mécanique, et les énergies renouvelables.Malgré ces efforts, les analystes économiques estiment que la transition vers une économie plus inclusive prendra du temps. « Le Lesotho doit transformer sa jeunesse en un capital humain productif. Cela exige une politique d’éducation adaptée au marché et un meilleur climat des affaires », souligne Dr. Palesa Mokete, économiste à l’Université nationale du Lesotho.Un avenir à construireLa main-d’œuvre juvénile du Lesotho constitue à la fois sa plus grande richesse et son plus grand défi. Si elle est correctement encadrée, formée et intégrée, elle pourrait devenir le moteur d’une croissance durable et diversifiée. Mais sans investissements suffisants dans l’éducation, la technologie et les infrastructures rurales, le risque est grand de voir une génération entière rester à la marge du développement économique.

