Afrique : alerte sociale et morale sur les  dérives sexuelles sur TikTok

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Afrique : alerte sociale et morale sur les  dérives sexuelles sur TikTok

Abidjan, 25 octobre 2025—PRESS AFRIKA— TikTok, la plateforme chinoise de partage de vidéos, est devenue en quelques années l’un des réseaux sociaux les plus utilisés sur le continent africain. Si elle a ouvert la voie à de nombreux talents, créateurs de contenus et entrepreneurs, elle est désormais au centre de controverses croissantes : dérives sexuelles, contenus suggestifs, exploitation de mineurs et banalisation de comportements à risque.

Une popularité fulgurante, mais à double tranchant

Avec plus de 150 millions d’utilisateurs africains actifs en 2025, TikTok s’est imposé comme le média favori des jeunes. Dans des pays comme le Nigeria, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Kenya ou encore l’Afrique du Sud, il sert de tremplin à une génération numérique avide de visibilité. Cependant, cette soif de notoriété se transforme souvent en course au “buzz” et c’est là que les dérives apparaissent.

La sexualisation précoce et la quête de viralité

Des enquêtes menées au Nigeria, au Cameroun et au Sénégal en 2024 montrent une multiplication de comptes diffusant des vidéos à connotation sexuelle, souvent animés par de très jeunes filles. Certaines n’ont pas plus de 16 ans. Les “challenges” viraux — dansants, suggestifs ou provocants — encouragent la sexualisation précoce et banalisent des gestes ou propos à caractère érotique. Ce phénomène, accentué par l’algorithme de TikTok qui valorise les contenus suscitant de fortes réactions, alimente une spirale dangereuse : plus un contenu choque, plus il est diffusé.

Le rôle des influenceurs et la marchandisation du corps

De nombreux influenceurs africains se sont spécialisés dans les contenus “sexy” ou suggestifs, visant à monétiser leurs vues par le biais de placements de produits ou de dons en direct, les fameuses “lives”.

Dans plusieurs pays, des jeunes femmes utilisent la plateforme pour vendre des contenus explicites via des liens externes ; une pratique assimilable à de la pornographie déguisée, pourtant interdite par les conditions d’utilisation du réseau. Cette marchandisation du corps trouve un écho préoccupant dans des contextes de précarité économique : certaines jeunes filles voient dans TikTok un moyen rapide d’obtenir de la visibilité, de l’argent ou des cadeaux de fans.

Les risques pour les mineurs et le silence des autorités

Les associations de protection de l’enfance alertent sur les conséquences psychologiques et sociales de cette exposition. Des cas de chantage, de harcèlement, de diffusion d’images intimes et d’exploitation sexuelle en ligne ont été recensés.

Pourtant, dans la plupart des pays africains, le cadre légal reste flou. Les législations sur la cybercriminalité ne couvrent pas toujours la protection spécifique des mineurs sur les réseaux sociaux. Peu de campagnes de sensibilisation existent, et les plateformes tardent à modérer efficacement les contenus en langues locales.

La responsabilité partagée : familles, écoles et plateformes

Experts et sociologues africains soulignent que la lutte contre ces dérives doit impliquer plusieurs niveaux. En premier lieu, les familles, souvent dépassées par les usages numériques des jeunes, doivent être formées à la parentalité digitale. Les écoles doivent pour leur part, intégrer une éducation aux médias et à la citoyenneté numérique et les plateformes comme TikTok ont la responsabilité de renforcer la modération, notamment en Afrique, où leurs centres de contrôle restent sous-dimensionnés.

Vers une réponse africaine à la dérive numérique

Plusieurs pays africains, comme le Kenya ou le Maroc, ont commencé à envisager un encadrement plus strict des contenus en ligne. Le Nigeria a annoncé en 2025, la création d’une cellule de surveillance dédiée aux réseaux sociaux, tandis que l’Union africaine prépare une charte sur la “protection numérique des mineurs”. Mais sans une action collective — éducative, juridique et technologique — la frontière entre créativité et exploitation risque de disparaître.

Les dérives sexuelles sur TikTok ne sont pas qu’un problème moral ou technologique : elles reflètent les inégalités économiques, la crise de repères et le manque d’encadrement des jeunes dans plusieurs sociétés africaines. L’Afrique, qui a adopté le numérique avec enthousiasme, doit désormais apprendre à le réguler avec responsabilité. Le défi est immense : protéger la jeunesse sans étouffer la créativité.

Rédacteur: Souleymane SYLA

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