Niamey, le 22 octobre 2025 – PRESS AFRICA- Alors que plusieurs zones de l’Afrique sont confrontées à une recrudescence des actions terroristes et de la criminalité transnationale organisée, le financement de la lutte antiterroriste et la disruption des flux illicites s’imposent comme des défis majeurs. Quid des mécanismes de financement disponibles, les lacunes persistantes, et les perspectives pour rendre la réponse africaine plus efficace et pérenne ?
Sur le continent, les groupes terroristes et les organisations criminelles utilisent des voies de financement variées : trafic de ressources naturelles, extorsion, blanchiment d’argent, rançons, transferts financiers informels. Selon l’United Nations Office of Counter‑Terrorism (UNOCT), le lien entre criminalité organisée et terrorisme est une « préoccupation croissante ». Il a été relevé que l’exploitation illicite des ressources naturelles joue un rôle central dans le financement des groupes armés en Afrique, lors d’un débat au Conseil de sécurité. Ce double défi sécuritaire et financier exige non seulement des opérations militaires ou policières, mais aussi une ingénierie de financement, de gouvernance et de coopération régionale et internationale.
Lacunes, défis et obstacles
Plusieurs obstacles freinent l’efficacité du financement antiterroriste en Afrique. Il y a entre autres, l’insuffisance du financement prévisible et durable. Au Conseil de sécurité, l’on a souligné que l’Afrique était « lasse d’entendre des promesses et de ne recueillir que des déceptions », la Capacités institutionnelles limitées que traduisent les défaut de formation, de supervision des flux financiers, de coopération transnationale ; l’opacité des voies de financement générée par l’économie informelle, des transferts non bancarisés ou des trafic de ressources naturelles et le non renforcement de la coordination régionale. Les États ouest‑africains, sahéliens ou d’Afrique de l’Est doivent mieux coordonner leurs régimes de conformité, leurs régulations financières, et leurs enquêtes transfrontalières.
Quelques pistes
La lutte efficace contre le financement du terrorisme doit reposer sur le renforcement du suivi des flux financiers illicites, en particulier ceux qui alimentent le terrorisme, via une meilleure supervision bancaire, l’inclusion des acteurs non financiers (immobilier, métaux précieux, etc.) ; l’assurance d’une coordination régionale robuste, en s’appuyant sur des institutions, et en partageant les informations entre États ; la mobilisation davantage de ressources financières stables et dédiées, plutôt que des dons ponctuels, pour soutenir les capacités nationales sur la durée ; l’intégration du développement économique et la gouvernance comme piliers de la prévention et l’implication de la société civile et les acteurs privés, car la lutte contre les flux financiers ne peut reposer uniquement sur l’État.
Le financement de la lutte contre le terrorisme en Afrique est à la croisée des chemins. D’un côté, les initiatives multiplient ; dons, projets régionaux, partenariats internationaux. De l’autre, les défis institutionnels, la faiblesse des ressources durables et l’évolution des méthodes de financement des groupes terroristes exigent une adaptation rapide. Pour que l’Afrique dispose d’une réponse réellement efficace, il faudra non seulement des fonds, mais aussi une architecture à long terme, capable de suivre l’argent, de briser les chaînes de financement, et de développer les moyens locaux.
Rédacteur: Jaurès BOKO

