Afrique de l’Ouest : les jeunes se marient deux fois moins qu’en 2000

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A newly wed couple holds each other in the late afternoon...

Ouagadougou, 23 octobre 2025—PRESS AFRIKA— En un quart de siècle, le mariage chez les jeunes Ouest-Africains a profondément changé. Si, en l’an 2000, près de sept jeunes sur dix étaient mariés avant 30 ans, les chiffres de 2025 révèlent une chute spectaculaire : à peine un tiers franchissent aujourd’hui ce cap. Derrière ce désintéressement se cache une transformation sociale majeure, portée par l’urbanisation, la précarité économique et l’évolution des mentalités.

Une baisse nette du taux de mariage des jeunes

Selon les données compilées par l’Union africaine et la CEDEAO, le taux de mariage des jeunes âgés de 18 à 30 ans est passé de 68 % en 2000 à 34 % en 2025 en moyenne dans les pays d’Afrique de l’Ouest.

La tendance est visible dans presque tous les pays. De nos jours, seulement 38% de jeunes nigérians se marient contre 70% en l’an 2000. Au Ghana, la régression est de 29% (33% en 2025 contre 62% en 2000). Quant au Sénégal, 30% d’entre eux s’épousent 2025 alors qu’en 2000, ce sont 65%  de jeunes qui se marièrent. Ce même constat est relevé au Bénin où seulement 31% s’unissent aujourd’hui contre 67%, il y a 25 ans. La Côte d’Ivoire, ne fera pas l’exception : la régression des mariages équivaut à 35%, soit de 63% à 28%. Il s’avère qu’en 2025, la Côte d’Ivoire bat le triste record du faible taux de mariage des jeunes de l’Afrique de l’Ouest. 

Les experts notent que la baisse est plus marquée dans les zones urbaines, où les jeunes priorisent désormais les études, la stabilité financière et l’indépendance personnelle avant le mariage.

Études, emploi et autonomie : les priorités changent

En 2000, le mariage était perçu comme un passage quasi obligé à l’âge adulte. En 2025, il est devenu un choix réfléchi, parfois repoussé ou remplacé par d’autres formes d’union. Les jeunes diplômés, hommes comme femmes, déclarent dans les enquêtes régionales vouloir d’abord “construire leur vie” avant de s’engager.

Cette évolution s’explique aussi par la montée du chômage des jeunes, qui dépasse 25 % dans plusieurs pays, rendant la stabilité économique nécessaire avant tout projet matrimonial.

“On ne peut pas se marier sans avenir professionnel stable. Ce n’est plus comme avant”, confie Mariam, 27 ans, entrepreneure à Dakar.

Entre traditions et nouvelles formes d’union

Si le mariage religieux ou coutumier reste la norme dans de nombreuses régions rurales, on assiste à la montée du concubinage et des relations libres dans les centres urbains.

Ces modèles, longtemps jugés contraires aux valeurs africaines, s’imposent peu à peu comme des réalités sociales. Les cérémonies fastueuses, les dots élevées et le coût de la vie constituent des freins supplémentaires : au Bénin, par exemple, le budget moyen d’un mariage urbain dépasse 2 millions de francs CFA, soit plusieurs mois de salaire moyen.

Les femmes, actrices du changement

L’un des facteurs majeurs de cette transformation est la montée en puissance des femmes dans l’éducation et l’emploi. En 2000, moins d’une femme sur quatre poursuivait des études supérieures ; en 2025, c’est une sur deux dans plusieurs pays francophones. Les jeunes femmes repoussent désormais l’âge du mariage pour poursuivre leurs ambitions professionnelles et personnelles.

Cependant, ce changement ne fait pas l’unanimité : certaines voix traditionnalistes y voient une “crise des valeurs familiales”, tandis que d’autres y lisent une conquête de liberté et d’égalité.

Les défis sociaux et culturels à venir

La baisse du taux de mariage a des répercussions multiples dont la hausse des naissances hors mariage dans certains milieux urbains ; les tensions intergénérationnelles entre modernité et coutume ; la reconfiguration des structures familiales et des solidarités communautaires et le model de vie inspiré des  réseaux sociaux.

Les autorités religieuses et coutumières appellent à un “équilibre entre tradition et modernité”, tandis que les sociologues plaident pour une adaptation du droit de la famille aux nouvelles réalités sociales.

L’Afrique de l’Ouest ne connaît pas une “crise du mariage”, mais une redéfinition du mariage. Les jeunes ne rejettent pas l’institution, ils la repensent : plus de liberté, plus de choix, plus d’égalité. Cette mutation sociologique profonde montre qu’en 2025, aimer et s’unir ne se conçoivent plus comme en 2000.

Rédacteur: Ouédraogo TOURE

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