Sèmè, 29 octobre 2025—PRESS AFRIKA— Après près de trois décennies d’arrêt, le champ de Sèmè (bloc 1) au large du Bénin est à nouveau au centre de l’attention : des campagnes de forage ont repris, des unités de production ont été contractées et le pays envisage sérieusement de relancer une production commerciale dès la fin 2025. Les développements récents confirment à la fois l’existence de ressources récupérables et la possibilité concrète d’exploitation à court terme.
Gisement et réserves
Le champ de Sèmè se situe dans le bloc 1 (Dahomey Basin), en eaux peu profondes (20–30 m). Le bloc couvre environ 551 km² et inclut le gisement découvert à la fin des années 1960 — déjà exploité entre 1982 et 1998. Des études récentes et des rapports d’experts indépendants ont confirmé des volumes résiduels significatifs dans plusieurs réservoirs (H6, H7, H8), rendant économiquement envisageable une remise en production via une réhabilitation moderne.
Objectifs de production
Les opérateurs ont planifié une remise en production en plusieurs phases à savoir la campagne de forage (trois puits programmés) ; l’installation d’une unité mobile de production (MOPU) et d’un système de stockage (FSO). Les responsables annoncent une mise en production initiale visée au quatrième trimestre 2025, avec un débit de départ attendu autour d’environ 15 000 barils par jour.
Les blocs en revue
Le Bloc 1 (Sèmè Field) est repéré en zone côtière. Bloc historique contenant le champ Sèmè pour lequel l’opérateur Akrake (groupe lié à Rex/Lime), détient 76 % d’intérêt opérateur ; l’État béninois conserve environ 15 % et Octogone Trading/Octogone E&P détient environ 9 %. Il y a aussi le Blocs contigus (2, 3, 4, …) de la frange côtière et le plateau continental du Dahomey Basin qui ont été découpés en plusieurs blocs exploratoires et dont les couvertures varient : blocs plus larges au large, blocs restreints proches de la côte. Des études géologiques (paléostratigraphie, sismique 2D/3D) montrent un potentiel supplémentaire mais nécessitent forage et données nouvelles pour confirmer des volumes exploitables.
L’État béninois est propriétaire d’une participation à hauteur de 15 % via le contrat de partage de production (PSC) et l’interlocuteur pour structuration fiscale, réglementaire et environnementale. Des fournisseurs de services (MOPU, FSO, compagnies de levage, prestataires sismiques et géotechniques) et des armateurs logistiques jouent aussi un rôle clef. Plusieurs contrats pour MOPU/FSO ont été signés ou finalisés au cours de 2025.
Les enjeux économiques, techniques et environnementaux
Échelle et rentabilité : les volumes déjà produits historiquement, soit environ 22 millions de barils entre 1982–1998 et les estimations actuelles rendent le projet viable à petite et moyenne échelle si les coûts relatifs au forage, à l’installation et à la logistique restent maîtrisés. L’approche MOPU/FSO vise justement à réduire les CAPEX.
Gouvernance et recettes : la gestion transparente des recettes, la mise en place de règles claires sur l’emploi local, les achats et la fiscalité seront déterminantes pour transformer la ressource en bénéfices pour la population béninoise.
Environnement et sécurité : activités offshore demandent plans de prévention anti-pollution, surveillance des émissions, gestion des déchets et dispositions pour interventions d’urgence ; autant d’éléments à intégrer dans les contrats et le suivi public.
Durabilité et diversification : même si la relance est prometteuse, le Bénin doit utiliser ces ressources pour financer la diversification économique (infrastructures, éducation, énergie renouvelable) afin d’éviter la dépendance excessive aux hydrocarbures.
Les éléments techniques et contractuels existants montrent que l’existence du pétrole au Bénin n’est plus une hypothèse : le champ de Sèmè est confirmé, des travaux de forage et d’équipement sont en cours et la mise en production est plausible à court terme. Cependant, transformer cette opportunité en moteur de développement durable dépendra fortement de la capacité du Bénin à gouverner le secteur, à négocier des contrats favorables et à investir les recettes de façon stratégique.
Rédactrice: Khadidjatou BAWA ALLAH

