Yaoundé, 08 décembre 2025—PRESS AFRICA—Le Cameroun continue d’occuper une place stratégique en Afrique, se positionnant comme un acteur de développement important, mais confronté à des défis structurels majeurs. À l’échelle continentale, son rang en matière de développement reflète cette dualité : des progrès incontestables dans certains secteurs, mais des fragilités persistantes qui freinent sa transformation.
Des performances modérées sur le plan continental
Avec une économie diversifiée — agriculture, industrie, services — le Cameroun se distingue dans la sous-région de la CEMAC. Selon les indicateurs du Trésor français, il représente près de 43 % du PIB de la CEMAC, ce qui en fait un pivot économique de cette zone.
Sur le plan industriel, il se situe au 24ᵉ rang parmi 52 pays africains, selon l’Indice d’Industrialisation en Afrique (IIA) de la Banque africaine de développement (BAD). Ce positionnement modeste traduit des progrès, mais aussi l’ampleur des écarts qu’il reste à combler avec les nations les plus industrialisées du continent.
Défis d’infrastructures et faiblesse des capacités structurelles
Selon un rapport de la BAD, le Cameroun souffre d’un déficit important d’infrastructures : il était classé 28ᵉ sur 54 pays africains selon l’indice de développement des infrastructures (AIDI), avec un score très faible, et ses ambitions en matière d’autoroutes sont loin d’être atteintes.
Dans le secteur numérique, le pays recule également : selon l’UIT, il est 6ᵉ en Afrique centrale pour les TIC, mais a perdu plusieurs places depuis 2017. Sa stratégie numérique est ambitieuse — visant à déployer l’Internet haut débit, à connecter les zones rurales, et à développer l’industrie digitale — mais les résultats restent limités pour l’instant.
Croissance économique, mais inclusion encore limitée
Selon la Banque mondiale, la croissance du Cameroun a été de 3,5 % en 2024, légèrement en hausse par rapport à l’année précédente, portée par les filières agricoles (cacao, coton) et un meilleur approvisionnement en électricité. Néanmoins, cette croissance reste insuffisante pour atteindre les ambitions de la Stratégie Nationale de Développement du pays, et la pauvreté demeure élevée, avec près de 40 % de la population sous le seuil national, selon la même institution.
La Banque africaine de développement, dans son Rapport pays 2025, appelle d’ailleurs Yaoundé à mieux mobiliser les ressources internes pour financer un développement plus inclusif.
Le manque de transparence
Le rapport de la Banque mondiale de juillet 2025 souligne le rôle stratégique des forêts du Cameroun — véritable « or vert » — dans la croissance future du pays. Cependant, l’adhésion à l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) a été suspendue en 2024, ce qui soulève des questions légitimes sur la gouvernance des revenus issus des ressources naturelles.
Atouts réels, mais cap difficile à tenir
Le Cameroun dispose d’un potentiel de développement indéniable : économies diversifiée, ressources forestières, stratégie numérique volontariste. À l’échelle continentale, son rang n’est pas parmi les plus avancés, mais il reste un acteur clé en Afrique centrale et au-delà.
Pour monter en puissance, le pays doit lever ses blocages structuraux : améliorer ses infrastructures, renforcer la gouvernance, mobiliser ses ressources domestiques de manière transparente. Si ces leviers sont actionnés efficacement, le Cameroun pourrait non seulement consolider sa place sur le plan régional, mais aussi gravir des échelons dans le classement global du développement en Afrique — et contribuer durablement à un développement africain plus intégré.
Rédactrice : BAWA ALLAH Khadidjatou A.

