Moroni, 24 novembre 2025—PRESS AFRICA— Aux Comores, archipel tropical aux identités culturelles fortes, la jeunesse occupe une place démographique centrale. Porteuse d’espoir dans un pays où plus de 60 % de la population a moins de 25 ans, elle se retrouve pourtant à la croisée des chemins, rattrapée par des défis socio-économiques profonds et par l’émergence de nouveaux comportements qualifiés de « vices » par une partie de la société comorienne.
Chômage massif et désœuvrement, un terreau fertile
Le premier facteur qui alimente les dérives est d’ordre économique. Le chômage des jeunes oscille à des niveaux alarmants, souvent supérieur à 40 %, selon diverses estimations locales. Sans perspectives professionnelles, beaucoup glissent vers des activités susceptibles de les détourner des valeurs traditionnelles : petits trafics, consommation de substances illicites, délinquance mineure et dépendance au jeu.
Cette précarité crée un sentiment de frustration qui se traduit par une recherche effrénée de moyens rapides pour « réussir » ou simplement survivre — parfois au détriment des règles sociales ou morales.
Des comportements à risque
Certains jeunes y voient un espace d’expression ; d’autres en font un champ d’expérimentation aux limites parfois inquiétantes, amplifié par l’absence de régulation numérique locale.
Consommation de drogues locales et importées
La consommation de drogues, longtemps taboue, gagne du terrain. Le kanja (cannabis) reste répandu, mais de nouvelles substances venues de l’étranger circulent dans certains cercles urbains. L’alcool, pourtant prohibé dans le cadre religieux, est consommé clandestinement dans des soirées privées.
Ces pratiques se développent discrètement mais de manière constante, inquiètent les parents, les éducateurs et les leaders religieux qui y voient un risque d’implosion des repères culturels et spirituels.
Mariages précoces, relations cachées…
Les mutations sociales touchent aussi la sphère intime. Le décalage entre une jeunesse en quête d’autonomie et une société encore très marquée par les traditions religieuses et familiales provoque des ruptures l’augmentation des relations clandestines, le contournement des normes coutumières, les mariages forcés ou défaits rapidement. Cette tension entre modernité et tradition nourrit un malaise profond chez de nombreux adolescents.
Un système éducatif fragilisé
Le système éducatif comorien peine à absorber la croissance démographique. Les classes surchargées, les grèves récurrentes et le manque d’orientation professionnelle laissent beaucoup de jeunes livrés à eux-mêmes. Dans ce vide, les comportements déviants trouvent un terrain particulièrement propice.
Les « vices » des jeunes au Comores ne sont pas uniquement des dérives individuelles : ils révèlent les défis plus vastes d’une nation en transition, partagée entre tradition et modernité, entre attentes économiques et contraintes structurelles. Le débat reste ouvert, mais une chose est certaine : l’avenir des Comores dépendra largement de la capacité collective à offrir à sa jeunesse un horizon clair, digne et stable.
Rédacteur: Saïd TESSILIMI
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