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Égypte : la franc-maçonnerie dans l’ombre

Le Caire, 24 novembre 2025—PRESS AFRICA— Longtemps implantée en Égypte, où elle a connu un âge d’or au XIXᵉ et au début du XXᵉ siècle, la franc-maçonnerie demeure aujourd’hui un sujet entouré d’opacité. Interdite depuis les années 1960, surveillée de près par les autorités et largement perçue à travers le prisme des débats religieux et politiques, elle ne dispose plus d’un cadre légal ou officiel permettant de mesurer précisément le nombre de ses pratiquants. Pourtant, les traces d’un intérêt discret et de micro-cercles persistants continuent de susciter interrogations et analyses.

Une présence historique profonde

L’Égypte fut l’un des premiers pays d’Afrique et du Moyen-Orient à accueillir la franc-maçonnerie moderne. Dès 1798, à l’époque de la campagne napoléonienne, des loges se forment. Aux XIXᵉ et début XXᵉ siècle, l’essor est notable : des loges anglaises, françaises, écossaises et italiennes y opèrent ; des notables, fonctionnaires et intellectuels rejoignent les ateliers et la franc-maçonnerie contribue à la vie culturelle et associative du Caire et d’Alexandrie.

Mais à partir des années 1950–60, les régimes successifs associent les loges à des risques politiques potentiels. En 1964, les activités maçonniques sont suspendues par décision étatique. Depuis, aucune structure maçonnique officielle n’opère légalement dans le pays.

Une praticabilité inquantifiable

Faute de loges reconnues, l’Égypte ne bénéficie d’aucune statistique officielle concernant le nombre de francs-maçons actifs ou sympathisants.
Les analystes spécialisés s’accordent sur un point : toute estimation précise est impossible, car aucune loge régulière n’est autorisée ; les activités maçonniques déclarées sont proscrites ; les réseaux maçonniques internationaux ne recensent plus de juridiction égyptienne  et  le sujet reste tendancieux dans l’espace public. Les échanges existants évoquent donc plutôt des micro-cercles informels, sans reconnaissance institutionnelle.

Des réseaux informels : une réalité discrète mais persistante

Malgré les interdictions officielles, plusieurs chercheurs en sociologie religieuse et en mouvements initiatiques notent l’existence de groupes de discussion privés, de liens personnels avec des obédiences étrangères, de rencontres ponctuelles à l’étranger pour les Égyptiens initiés hors du pays, et une forme de « maçonnerie culturelle » centrée sur l’intérêt philosophique, symbolique ou historique.

Ces pratiques demeurent toutefois marginales, dispersées, et souvent non structurées. Elles n’autorisent ni estimation chiffrée ni analyse statistique fiable.

Un environnement législatif strict

L’appareil juridique égyptien encadre sévèrement les associations non autorisées. Les autorités interdisent l’enregistrement de loges, surveillent les regroupements perçus comme privés ou clandestins et limitent toute forme d’organisation transnationale non déclarée.

Cet environnement rend impossible la résurgence d’une franc-maçonnerie régulière, reconnue et structurée, telle qu’on peut l’observer au Maghreb, en Afrique de l’Ouest ou en Europe.

Perceptions sociales : entre méfiance, mythe et méconnaissance

Dans l’opinion publique, la franc-maçonnerie en Égypte demeure mal connue, souvent associée à des théories complotistes, liée au secret plutôt qu’à son héritage historique réel et abordée avec prudence dans l’espace médiatique. Ce contexte contribue à entretenir davantage l’ombre que la clarté autour du sujet.

Une influence historique

À défaut d’être active comme institution reconnue, la franc-maçonnerie égyptienne survit surtout dans la mémoire culturelle : anciens bâtiments de loges à Alexandrie, archives des obédiences européennes et  les traces dans les biographies de figures politiques et intellectuelles du XXᵉ siècle. Cependant, son impact réel est faible aujourd’hui, et son activité confinée à des réseaux discrets principalement tournés vers l’extérieur du pays.

L’Égypte fut l’un des grands carrefours maçonniques du Moyen-Orient.
Mais en l’absence de reconnaissance légale et dans un environnement politique restrictif, le taux de pratiquants actuels reste impossible à quantifier, et les éventuels réseaux existants ne reflètent en rien l’importance historique qu’a pu occuper la franc-maçonnerie dans le pays.

L’archipel d’influences intellectuelles qu’elle représentait autrefois n’est aujourd’hui plus qu’un ensemble d’initiatives marginales, discrètes et déconnectées de toute structure officielle.

Rédacteur: Saïd TESSILIMI

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