Malabo, 08 décembre 2025—PRESS AFRICA—En 2025, la Guinée équatoriale fait face à un défi persistant : la lutte contre l’évasion fiscale, phénomène profondément enraciné dans un système économique dépendant des hydrocarbures et marqué par une gouvernance financière encore opaque. Alors que le pays cherche à diversifier son économie et à améliorer sa transparence budgétaire, l’évasion fiscale apparaît comme l’un des principaux obstacles à la mobilisation de ressources internes essentielles au développement.

Un manque à gagner considérable pour l’État
La Guinée équatoriale, riche en pétrole et en gaz, a longtemps bénéficié de revenus élevés tirés du secteur extractif. Toutefois, les fluctuations des prix internationaux et la baisse progressive de la production mettent plus que jamais en lumière le besoin de renforcer la collecte fiscale. En 2025, plusieurs rapports économiques régionaux soulignent que le pays perd chaque année une part importante de ses recettes potentielles, notamment en raison de la sous-déclaration des activités commerciales, du transfert illicite de bénéfices et des pratiques d’évasion liées aux entreprises opérant dans le secteur énergétique.
Les secteurs émergents, comme les télécommunications, l’import-export, le bâtiment ou les services maritimes, sont également concernés par des pratiques fiscales informelles, favorisées par un système numérique encore faible et une administration fiscale confrontée à un déficit de capacités.
Des réformes annoncées, mais…
Face à ces défis, les autorités équato-guinéennes ont annoncé plusieurs mesures destinées à moderniser le système fiscal : digitalisation progressive des procédures, renforcement des contrôles douaniers, révision de certains avantages fiscaux jugés trop permissifs. En 2025, le gouvernement affirme vouloir harmoniser davantage ses normes avec celles de la CEMAC, qui travaille à réduire les flux financiers illicites dans la région.
Cependant, la mise en œuvre de ces réformes se heurte encore à des limites structurelles : manque de ressources techniques, opacité administrative, multiplication des exemptions, obstacles à l’accès à l’information et absence d’un contrôle extérieur indépendant. Le déficit de transparence dans la gestion des entreprises publiques constitue également un frein majeur.
Le rôle central de la gouvernance et de la transparence
Pour plusieurs analystes économiques africains, la lutte contre l’évasion fiscale en Guinée équatoriale passe obligatoirement par un renforcement de la gouvernance. L’absence de publication régulière des comptes publics, la faible participation du pays aux mécanismes internationaux de transparence et la marginalisation de la société civile réduisent les marges de progression.
La suspension du pays de certaines initiatives internationales de transparence dans les industries extractives a également contribué à alimenter les critiques quant au manque de volonté politique à instaurer une gestion plus ouverte des finances publiques.
Un enjeu majeur pour le développement
L’évasion fiscale représente aujourd’hui l’un des défis les plus stratégiques pour la Guinée équatoriale. Dans un contexte où les ressources pétrolières s’essoufflent et où les besoins sociaux (emploi des jeunes, infrastructures, santé, éducation) augmentent, la capacité de l’État à mobiliser des recettes internes devient un pilier crucial pour financer un développement durable.
Si les réformes engagées en 2025 se consolident et si la volonté politique se renforce, la Guinée équatoriale pourrait progressivement enrayer l’évasion fiscale et bâtir un cadre économique plus transparent et mieux adapté à sa transformation future.
Rédactrice : BAWA ALLAH Khadidjatou A.

