Monrovia, 06 novembre 2025 —PRESS AFRICA— La République du Libéria, fondée en Afrique de l’Ouest, présente une trajectoire politique singulière : sa naissance très précoce en tant qu’État indépendant, une longue domination d’une élite dite « américano-libérienne », suivie d’un renversement radical avec des guerres civiles dévastatrices, puis d’un retour à l’élection démocratique. Cet article retrace cette histoire depuis l’indépendance jusqu’à nos jours.
De la colonie à l’indépendance (1822-1847)
Le Libéria a ses racines dans l’initiative de la American Colonization Society (ACS), qui dès 1816 plaidait pour le « retour » vers l’Afrique de personnes afro-américaines libres. En 1822, les premiers groupes d’Afro-Américains arrivèrent sur la côte ouest-africaine dans ce qui deviendra le Libéria. Le 26 juillet 1847, la déclaration d’indépendance de la République du Libéria fut adoptée.
Le Libéria adopta alors une constitution inspirée de celle des États-Unis, et élut Joseph Jenkins Roberts comme premier président. Ainsi, contrairement à la plupart des États africains, le Libéria n’a pas connu l’étape classique de la colonisation européenne puis de la décolonisation : il s’est proclamé indépendant très tôt, dans un contexte unique.
L’hégémonie américano-libérienne et la stabilité apparente (1847-1970)
Après l’indépendance, un groupe d’émigrés afro-américains et leurs descendants — les Américano-Libériens — domina l’appareil politique et économique du pays. Le parti dominant fut longtemps le True Whig Party, qui contrôlait la présidence et le gouvernement pendant une large part du XXe siècle. Le pays connut relativement de la stabilité formelle et une reconnaissance internationale, tout en dépendant fortement des exportations de caoutchouc, de minerai de fer, etc.
Néanmoins, cette stabilité était en partie superficielle : le pouvoir était concentré dans les mains d’une minorité (Américano-Libériens), tandis que les populations autochtones avaient un accès limité aux hautes fonctions, voire au droit de vote jusqu’à des réformes tardives.
Le tournant de 1980 et la chute de l’ordre ancien
Un point d’inflexion majeur survint le 12 avril 1980 : un coup d’État mené par Samuel K. Doe, alors maître-sergent d’origine krahn, mit fin à la domination américano-libérienne et au régime de William R. Tolbert Jr. Doe devint chef de l’État à travers le « People’s Redemption Council », amorçant un nouvel ordre politique marqué par la militarisation et les tensions ethniques. En 1986, une nouvelle constitution fut adoptée et des élections multipartisanes eurent lieu, bien que contestées.
Les guerres civiles (1989-2003)

Le Libéria plongea dans une période de conflit majeur. En décembre 1989, la rébellion du National Patriotic Front of Liberia (NPFL) dirigé par Charles Taylor lança l’insurrection contre le régime de Doe. Le conflit se prolongea jusqu’en 1997, entraînant des centaines de milliers de morts, des déplacés massifs, et l’effondrement partiel de l’État libérien.
Après l’élection de Charles Taylor en 1997, une seconde guerre civile éclata, avant que le conflit ne se termine en 2003 avec l’exil de Taylor et l’établissement d’un gouvernement de transition.
Vers une reconstruction et une démocratie renouvelée (2003-2025)

L’après-guerre marque un tournant. Le Truth and Reconciliation Commission (Liberia) fut créé en 2005 pour enquêter sur les abus pendant les conflits, et pour recommander des réformes institutionnelles. En novembre 2005, Ellen Johnson Sirleaf fut élue présidente, devenant la première femme cheffe d’État en Afrique. Elle se focalisa sur la reconstruction, la dette, et les relations internationales.


