Madagascar : une économie fragilisée l’instabilité politique

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Madagascar : une économie fragilisée l’instabilité politique

Antananarivo, 24 novembre 2025—PRESS AFRICA— Depuis plus de deux décennies, Madagascar traverse des cycles récurrents d’instabilité politique : contestations électorales, changements brusques de leadership, crises institutionnelles et tensions sociales. Ces turbulences, loin d’être uniquement politiques, ont profondément marqué l’économie malgache, freinant son développement et accentuant la vulnérabilité sociale d’un pays pourtant doté d’immenses ressources naturelles.

Un climat politique imprévisible

L’un des premiers effets de l’instabilité politique est la défiance des investisseurs, aussi bien locaux qu’internationaux. À chaque crise — 2002, 2009, 2018, 2023 — les flux d’IDE (investissements directs étrangers) chutent brutalement. Les entreprises, notamment dans les secteurs minier, touristique et textile, privilégient une attitude attentiste. Les projets d’expansion sont reportés, certains contrats suspendus, et plusieurs investisseurs préfèrent se diriger vers des environnements jugés plus stables comme Maurice, le Rwanda ou le Kenya.

Pour un pays où les IDE représentent une part essentielle du financement des infrastructures et de l’industrie, ces reculs ont un impact direct sur la croissance.

Un tourisme à la merci des crises

Madagascar possède l’une des biodiversités les plus riches au monde, faisant du tourisme un moteur naturel de développement. Mais c’est aussi un secteur extrêmement sensible aux crises politiques. À chaque épisode de tensions, les réservations chutent, les compagnies aériennes réduisent la fréquence des vols, et les opérateurs hôteliers enregistrent des taux d’occupation historiquement bas. Le manque de stabilité nuit également à la visibilité internationale de la destination, qui peine à concurrencer les géants du secteur africain.

Les tensions sociopolitiques se caractérisent fréquemment par des fermetures de routes, des perturbations portuaires, des grèves, des blocages administratifs. Ces dysfonctionnements affectent directement les échanges commerciaux, notamment dans les exportations de vanille, de girofle, de litchis et de minerais.

Le secteur privé déplore régulièrement des retards, des pénuries et des coûts de transport alourdis, qui réduisent la compétitivité de l’économie malgache.

Un impact social lourd

La fragilité politique se répercute sur les conditions de vie déjà précaires de la population. Les incertitudes gouvernementales entraînent souvent une inflation galopante, la dépréciation de l’ariary, la hausse des prix des produits importés, un recul du pouvoir d’achat, une augmentation de la pauvreté, touchant plus de 80 % des ménages dans certaines régions.

Les entreprises, confrontées à un environnement instable, hésitent à embaucher ou réduisent leurs effectifs. Les jeunes, qui constituent la majorité de la population, se retrouvent durablement exclus du marché du travail.

Suspension des financements internationaux

Les bailleurs de fonds (Banque mondiale, FMI, Union européenne) conditionnent souvent leurs aides à la stabilité institutionnelle. Chaque crise entraîne la suspension temporaire des financements, paralysant les projets d’infrastructures, les programmes de santé et d’éducation, les réformes administratives et les investissements dans l’énergie et l’agriculture.

Cette dépendance à l’aide internationale rend l’économie malgache particulièrement vulnérable aux variations politiques internes.

Un potentiel économique immense, mais sous-exploité

Malgré ces obstacles, Madagascar possède des atouts considérables : des réserves minières importantes, des terres agricoles vastes, une faune et une flore uniques et une jeunesse dynamique. Cependant, l’instabilité politique empêche la pleine valorisation de ces richesses. Elle crée un cercle vicieux où la stagnation économique alimente les frustrations sociales, qui, à leur tour, nourrissent de nouvelles tensions politiques.

Les analystes estiment que la clé d’une croissance soutenue réside dans la consolidation des institutions, des réformes électorales transparentes, une gouvernance plus stable et dans un dialogue national inclusif. Sans stabilité politique, affirment-ils, les perspectives économiques resteront limitées, malgré les potentiels exceptionnels du pays.

Rédacteur: Saïd TESSILIMI

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