Maurice : la mortalité materno-infantile, un défi persistant

Pressafrica Media
118 vues
5 lecture minimale
Divulgation : Ce site Web peut contenir des liens d'affiliation, ce qui signifie que je peux gagner une commission si vous cliquez sur le lien et effectuez un achat. Je recommande uniquement les produits ou services que j'utilise personnellement et qui, selon moi, apporteront une valeur ajoutée à mes lecteurs. Votre soutien est apprécié !
Maurice : la mortalité materno-infantile, un défi persistant

Port-Louis, 24 novembre 2025—PRESS AFRICA— Souvent citée comme l’un des systèmes de santé les plus performants de l’océan Indien, Maurice continue de faire face à un enjeu majeur : la mortalité materno-infantile. Malgré des investissements réguliers, des infrastructures modernes et une couverture sanitaire quasi universelle, l’archipel lutte encore contre des décès évitables au moment de la grossesse, de l’accouchement et dans les premières semaines de vie du nouveau-né.

Un pays en avance, mais pas hors de danger

Maurice bénéficie d’un système de santé accessible gratuitement à toute la population, un atout rare dans la région. Les progrès enregistrés ces dernières décennies — extension des hôpitaux régionaux, renforcement de la médecine de proximité, programmes de vaccination — ont permis de réduire significativement le taux de mortalité maternelle et infantile.

Cependant, certains indicateurs stagnent depuis plusieurs années, montrant que l’amélioration n’est plus aussi rapide. Les autorités sanitaires reconnaissent que le pays atteint une « zone de résistance », où les défis deviennent plus complexes et multifactoriels.

Complications obstétricales : la première cause de décès maternel

Les causes liées à la maternité restent relativement similaires à celles observées dans d’autres pays à revenu intermédiaire : hémorragies post-partum, hypertensions et pré-éclampsies, infections liées à l’accouchement, complications préexistantes aggravées par la grossesse.

Si les hôpitaux mauriciens disposent de services obstétriques équipés, les spécialistes pointent parfois des retards dans la prise en charge, notamment dans les zones rurales ou chez les femmes présentant des comorbidités. L’augmentation du diabète et de l’hypertension dans la population générale complique également le suivi des grossesses.

Mortalité infantile : le poids des naissances prématurées

Pour les nouveau-nés, les premières 48 heures sont les plus critiques.
Les facteurs mis en cause incluent la prématurité, le faible poids à la naissance, la détresse respiratoire, les infections néonatales et les malformations congénitales.

Maurice dispose de services de néonatalogie relativement performants, mais les professionnels de santé soulignent que la qualité du suivi prénatal du côté maternel conditionne fortement la survie des nouveau-nés, en particulier dans les familles modestes.

Disparités sociales et culturelles

Même si l’accès aux soins est gratuit, certaines inégalités persistent. Il s’agit des différences entre zones urbaines et villages plus isolés, des retards dans la consultation prénatale, du manque d’éducation sanitaire, des tabous autour de la grossesse chez certaines communautés et des difficultés de transport ou de disponibilité familiale. Les mères adolescentes restent également plus vulnérables, exposées à des risques obstétricaux et à un suivi irrégulier.

Le rôle croissant des maladies non transmissibles

Maurice compte parmi les pays où le taux de diabète et d’obésité est le plus élevé de l’océan Indien. Ces maladies non transmissibles (MNT) ont un impact direct sur la santé maternelle et sur la croissance fœtale. L’augmentation des grossesses à risque chez les femmes en surcharge pondérale ou diabétiques explique en partie la stagnation des progrès dans la réduction des décès materno-infantiles.

Des efforts soutenus, mais à renforcer

Le gouvernement mauricien multiplie les initiatives comme les campagnes de suivi prénatal précoce, l’amélioration des unités de soins intensifs néonatals, la formation continue du personnel de santé, la promotion de la planification familiale et les programmes de sensibilisation dans les écoles et les communautés. De plus, les partenariats avec des organisations internationales appuient le développement de nouvelles stratégies de surveillance épidémiologique.

Cependant, les experts insistent sur la nécessité d’aller plus loin :
renforcer la prévention des MNT chez les femmes en âge de procréer, moderniser certains équipements hospitaliers et améliorer la coordination entre centres de santé primaires et hôpitaux.

Un défi pour l’avenir sanitaire de Maurice

Réduire la mortalité materno-infantile demeure un indicateur essentiel du développement social du pays. Si Maurice s’est hissée parmi les nations les plus avancées d’Afrique en matière de santé publique, elle doit aujourd’hui relever une nouvelle étape : garantir à chaque femme et à chaque nouveau-né un niveau de soins optimal, sans lacunes ni retards.

Rédacteur: Saïd TESSILIMI

Partager cet article